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République Panafricaine 2003-2068

L'Afrique et ses mystères... En voilà un beau cliché! Eh bien vous allez rire, mais dans l'univers de Tigres Volants, ça se justifie. Aujourd'hui highlander, précédemment colonisée par les puissances occidentales, l'Afrique a néanmoins connu plus de soixante années d'indépendance et de relative prospérité.

Époque souvent occultée par l'historiographie highlander pour de basses raisons de propagande, le continent africain entre la fin des vingtième et vingt-et-unième siècles recèle un certain nombre de secrets, en partie révélés ici.

Dernière modification: le 21 avril 1997.

Les sources de l'unité

À peu près tout le monde s'accorde pour penser que les mouvements de décolonisation du milieu du 20e siècle furent une vaste fumisterie. Retirant des pays d'Afrique leur tutelle coloniale, les pays d'Europe la remplacèrent par une dépendance économique, le tout sous couvert de néo-libéralisme forcené.

Mais comme il y a une justice, tout au moins dans ce monde-ci, lesdites nations européennes se retrouvèrent dès la fin 1989 avec d'autres problèmes en tête que les cours du café: l'Amérique était attaquée par la Chine et tout laissait à penser que son allié soviétique allait venir régler son compte aux petits bourgeois capitalistes européens.

Parallèlement, la montée des intégrismes dans le monde islamique provoqua en 1990 le début d'un jyhad, qui se propagea rapidement à toute l'Afrique du Nord et au Moyen-Orient, coupant les dernières routes entre Europe et Afrique. Résolument agressif dans sa conquête du monde musulman et son extension vers le sud, le jyhad fut le détonateur de l'unité africaine.

La guerre

Autant le dire tout de suite, les diverses organisations qui jusque là avait la prétention de symboliser cette unité était du genre évanescentes. De plus, au niveau militaire, la soldatesque européenne étant repartie protéger ses pénates, les locaux se retrouvèrent fort dépourvus, quand l'ennemi fut venu... Si l'Afrique avait dû compter sur elle-même pour calmer les ardeurs islamiques, il y a fort à parier que le croissant vert aurait flotté sur Johannesburg avant peu. En fait, puisqu'on parle de Johannesburg, c'est effectivement de l'Afrique du Sud que partit l'étincelle.

Dotée d'une forte minorité musulmanne, toute l'Afrique australe ne tarda pas à se retrouver avec plein de terroristes hurlant "Allah Ackbar!" dans leurs rues. Les Sud-africains n'ont jamais été de grands subtils, et le début de rébellion fut écrasé avec plus de force que nécessaire, ce qui donna quelques idées aux voisins, qui nettoyèrent de même. Un tel unison ne pouvait rester sans suite, et ainsi naquit l'idée d'une alliance politico-militaire pour aller expliquer à ces messieurs les enturbannés les bienfaits de la civilisation chrétienne. C'est donc dans un esprit de croisade que se forma cette première alliance.

Plus au nord, la Sénégambie, ainsi que la Haute-Volta, le Mali et le Tchad avait eux aussi de gros problèmes avec des voisins devenus brutalement très remuants. D'incidents de frontières en attentats en représailles, on s'achemina bientôt à un état de guerre sur un vaste front nord. Les autres États africains furent plus ou moins gentiments inviter à sortir de leur torpeur tropicale pour venir casser du bougn... du terroriste, non pas par pur racisme anti-arabe, mais parce qu'on leur fit comprendre que c'était ça ou cinq prières par jour.

Vers l'unité

Le gros de la crise ne dura pas plus de quelques mois. La guerre sainte s'essoufla d'elle-même, pour des bêtes raisons telles que le fait qu'elle ne pouvait pas être partout à la fois, et que passé l'enthousiasme initial, la routine tend à casser le fanatisme plus sûrement qu'un coup de matraque. Néanmoins, là où les Islamistes étaient plus ou moins autonomes par rapport à des leaders religieux retranchés dans des lieux saints symboliques, les Africains luttaient pour leur propre sol. Pour le coup, la guerre se prolongea bien plus nécessaire, alors que les Africains cherchaient à récupérer le terrain perdu.

Il faut attendre les environs de 1996 pour que le conflit s'apaise. La République Islamique nouvellement formée accepta d'ouvrir des négociations de paix, même si pendant très longtemps ces négociations achoppèrent sur un certain nombre de points. Parmi ces points, le principal problème qui se fit sentir fut l'absence d'unité africaine. Les Austrafricains, regroupés autour de l'Afrique du Sud, étaient partisans d'une continuation du conflit, alors que les territoires francophones de l'ouest, sous l'impulsion de l'alliance Sénégambie-Mali, proposaient une paix négociée; entretemps le Kenya étendait son influence dans la région des grands lacs et se lançait dans la voie du consensus.

Il fallut attendre cinq ans pour que la nécessité d'une union politique se fasse réellement sentir, et deux ans de plus pour qu'elle se concrétise. Ce fut long et douloureux. De nombreux points d'achoppement retardèrent les débats internes: le problème de la langue, des cultures, les rivalités ethniques entre Africains et les divergences politiques.

Les questions linguistiques furent les plus faciles à régler: alors que le bloc ouest francophone s'opposait violamment au sud-est anglo-saxon, le Kenya proposa la solution du Swahili unifié, un langage "indigène", qui serait standardisé pour un usage panafricain. Le consensus kenyan l'emporta. Quant aux cultures et rivalités ethniques, les quatre ans de guerre dans les tranchées du Sahel et les jungles soudanaises -- à l'instar de la Grande Guerre de 14-18 en Europe -- s'avérèrent être un grand planificateur culturel: en partageant les mêmes conditions extrêmes, les soldats de tous les coins d'Afrique avait mis à plat leurs différences.

Restèrent les différences politiques. De ce point de vue, l'Afrique du Sud, qui pourtant avait l'initiatrice du mouvement unificateur, freina des quatre fers à la mention de démocracie. Partisanne d'un régime fort, autocratique de préférence, elle maitint longtemps une argumentation lourde de mauvaise foi raciste qui finit par être blackboulée par ses propres alliés. L'apartheid fut aboli en 2002 et la République Panafricaine naquit le 1er janvier 2003.

La République

Il n'y a pas que chez les Sud-africains que la démocratisation passa mal. Moult despotes locaux n'apprécièrent pas qu'on leur casse leur petite baraque, et nombreux furent ceux qui entrèrent ouvertement en rébellion contre le pouvoir central. Néanmoins, ces mouvements furent sporadiques et traités avec une efficacité nouvellement trouvée, même si elle ne fut parfois ni subtile, ni très légale.

L'unification permit de résoudre de nombreux problèmes: sans pour autant faire complètement cesser les incidents de frontières et les provocations de part et d'autre, un premier traité de cessez-le-feu fut signé avec la République Islamique en 2004. De plus, le swahili unifié fit pour beaucoup pour l'unification des cultures et l'aplanissement des différents ethniques; anglais et français restèrent longtemps des langages "secondaires", reconnus par l'administration mais voués à laisser la place à la langue officielle dans un futur proche.

Le pas suivant fut le Grand Plan de Développement. Dans un grand mouvement de mégalomanie, dirent certain, la République Panafricaine lança une quantité invraisemblable de ressources vers une remise en état du pays et un développement des sources de matières premières et des industries de transformation. L'idée était somme toute simple: ramener l'Afrique au niveau des autres nations de l'après-Troisième guerre mondiale.

Vaste programme, même en prenant en compte les destructions sur le sol des nations occidentales et la bonne volonté ambiante. Cependant, l'Afrique se heurta à un certain nombre de contraintes: des infrastructures déficientes, un niveau d'éducation très faible, une nature extrêmement peu coopérative, sans compter les dommages causés par la guerre (vents radio-actifs, résidus bactério-chimique, destructions causées par le conflit contre l'Islam, etc.), ainsi qu'un choix politique de refuser les mains tendues par les autres États; en trouvant son unité, l'Afrique avait retrouvé sa fierté, mais elle en faisait peut-être un peu trop...

Même avec tous ces handicaps, les Africains firent mieux qu'essayer: si le plan prit beaucoup de retard, ce fut principalement à cause d'un excès d'optimisme dans les prévisions initiales. En 2035, la République Panafricaine était devenue l'égale de ses pairs sur bien des points: un programme éducatif à l'échelle de tout le pays avait fait des merveilles, amenant le taux d'alpabétisation à plus de 80%; les universités s'étaient lancées dans la recherche, les usines des colonisateurs avaient été restaurées, relancées, modernisées.

Bien que toujours dernière au classement des nations du CSM, l'Afrique avait nettement recollée au peloton et talonnait la Confédération Asiatique, la surclassant sur bien des points. Si les infrastructures lourdes souffraient encore d'une faiblesse certaine, la République Panafricaine pouvait se targuer alors d'avoir parmi les meilleurs biologistes et médecins de la planète. Les meilleurs généticiens aussi, mais ça, ils ne le disaient pas trop fort...

Monstres, mutants et sorciers (non, ce n'est pas le nom d'un jeu...)

En effet, la République Panafricaine s'est très tôt lancée dans l'expérimentation génétique, notamment à partir de sa propre faune et flore. A posteriori, on s'est beaucoup étonné de l'avance technologique des Africains dans ce domaine. On a expliqué cela par le vieil adage "nécessité fait loi", pointant que la biologie était pour l'Afrique une des ressources les plus riches, ainsi qu'à l'exode de scientifiques européens pendant la guerre. Cette dernière affirmation est exacte, mais on est en droit de se demander "quelle guerre?"

Des rumeurs persistantes font état de l'accueil, au lendemain de la défaite nazie en 1945, d'un grand nombre de hauts dignitaires et de scientifiques en Afrique du Sud. Dans le plus grand secret, cette joyeuse bande de criminels de guerre auraient continué leurs expériences en vue de la création d'une "race supérieure", alimenté par les fonds pillés pendant la guerre. C'est un grand classique, mais certains indices laissent à penser qu'il y peut-être quelque chose de pas si innocent que ça derrière cette légende.

Notamment le fait que, si les mutations restent très rares sur le reste de la République, les régions australes du continent voient apparaître dès 2005 un nombre impressionnants de mutants, au point que l'Afrique du Sud ressorte ses vieilles mesures apartheidistes contre ces mutants; peut-être un peu trop vite pour être honnête, d'ailleurs... Néanmoins, à cette époque, ces mesures restrictives sont dans l'air du temps, et passent relativement inaperçues dans la masse des atrocités anti-mutantes, les lois sud-africaines étant même parmi les plus sociales, avec un suivi médical des mutants.

Dans le même temps, les Arcanes font un retour en force sur le devant de la scène politique et sociale africaine. Si l'on excepte les côtes, où le développement bat son plein, le reste du continent ne voit pas venir grand-chose de l'abondance promise. D'anciens despotes pointent le bout de leur nez crochu, et un peu partout on assiste à la montée en force de gouvernements locaux plus ou moins autonomes, qui de plus en plus souvent comptent à leur tête, sinon dans leurs rangs, des Sorciers, c'est-à-dire des Arcanistes traditionnels. Muselées par des siècles de colonialisme religieux et culturels, les Arcanes shamaniques traditionnelles africaines reviennent en force dès les premières années du 21e siècle, amplifiées par le choc psychologique de la Troisième guerre mondiale.

Les Rowaans

Et comment ne pas parler des Rowaans? Si on en croit les légendes locales, les premiers "Hommes-Loups" pointent le bout de leur museau dès 2019. Difficile de déceler dans les textes d'alors le vrai du faux: si on peut affirmer sans trop de risques l'existence des Rowaans avant la date "officielle" de 2055, on ne peut guère être très précis: 2030 est une date-butoir communément acceptée, mais plus par esprit pratique que pour des raisons réellement scientifiques.

Suivant les légendes, deux conception des Rowaans s'opposent: l'arme anti-Sorciers, ou l'instrument de ceux-ci. Dans le premier cas, les Rowaans sont présentés comme l'arme des gouvernants contre le pouvoir grandissant des Sorciers: quelque chose de plus terrifiant qu'eux, et en plus invulnérable à leurs pouvoirs. Dans le second, les Rowaans sont le fruit de magouilles mystico-scientifiques desdits Sorciers, utilisés ensuite comme des guerriers dociles.

Il ressort de tout ceci que ces Rowaans, si tant est qu'ils aient réellement existé, étaient plutôt des "proto-Rowaans": leurs capacités étaient différentes des Rowaans examinés dès 2055, leur intelligence plus limitée, et leur durée de vie plus courte. Une sorte de première génération, ou de prototype.

La filière highlander

On a longtemps glosé sur le fait que, en quelques années, on voit apparaître deux nouvelles espèces humaines. Il est clair que la génèse des Rowaans et des Highlanders s'est fait dans une même fenêtre temporelle de quelques années: 2010-2060 pour les premiers, 1990-2050 pour les seconds.

Comme vous le dira tout Conspirationniste, il n'y a pas de coïncidences, juste des conspirations bien cachées. De fait, on s'est souvent demandé ce qu'il en était de la filiation Highlander et Rowaan. Le fait que les deux espèces ne peuvent pas se piffer n'a pas vraiment aidé à se faire une idée, sinon objective, du moins satisfaisante sur ce point de vue. On en est donc réduit à échafauder des hypothèses plus ou moins farfelues.

Dans les choses raisonnables, on pense que les Rowaans et les Highlanders sont, soit deux étapes d'un même projet (l'un étant le brouillon de l'autre), soit des projets concurrents. Quoi qu'il en soit, le fait est que les deux génotypes présentent de troublantes similitudes: système immunitaire plus performant, grande résistance aux traumatismes, structure osseuse et musculaire légèrement augmentée, adaptation accrue à des environnements différents, etc.

L'annexion

L'information n'a jamais été le point fort de l'Afrique. Soit elle est lacunaire, soit extrêmement subjective. Quand elle n'est pas purement et simplement inexistante. La période précédent la fin de la République Panafricaine est, à cet égard, typique. On n'a que peu de sources fiables sur la situation politique et sociale africaine à partir de 2060-2065. Des sources indirectes, venant d'observateurs étrangers sur place, notent une grande tension dans les différentes couches de la société, notamment dans les milieux ruraux. De ces sources et de quelques autres indicateurs, on suppose que les Sorciers prenaient de plus en plus de pouvoir dans les campagnes, et se mettaient à menacer le pouvoir des élites urbaines.

Quoi qu'il en soit, le black-out commence à être sérieux avec l'invasion highlander ede l'Empire Islamique. Beaucoup d'historiens actuels s'accordent à penser que, même en comptant avec le fait que l'Empire sombrait gentiment dans la décadence depuis quelques années, dans une ambiance "fin de règne", il était largement assez puissant économiquement et militairement pour tenir la dragée haute à l'armée highlander pendant quelques temps. L'action des commandos israéliens est une chose, l'aide africaine plus que probable en est une autre...

L'attaque et la guerre-éclair de 2068 ont laissé plus d'un observateur perplexe. Si les livres parlent de la résistance acharnée du peuple africain contre l'envahisseur, il faut voir que l'armée panafricaine, quoique bien équipée et bien entraînée, s'est faire remarquer par son absence. De plus, l'invasion a semblé redoutablement préparée: les grandes villes ont été prises en l'espace d'une semaine, parfois sans un coup de feu. Les routes étaient dégagées, le ciel limpide...

En fait, la plus grande résistance fut le fait des potentats locaux, contre lesquels le gros des troupes débarqua avec violence. Si, au bout de trois mois, le gouvernement panafricain déposa les armes avec une mauvaise volonté de façade (comme le prouva la réinsertion rapide de la plupart des politiciens en exercice dans les nouvelles structures), il fallut près de dix ans pour que les derniers "royaumes" sorciers tombèrent.