Le Commencement.
S'il est une question qui pour le
moment veut rester sans réponse, c'est: Pourquoi avoir commencé?
Peut-être cette phrase vous dira-t-elle quelque chose; "un
commencement est un moment d'une infinie délicatesse"...
Le commencement débute toujours par le rêve de la fin... Quand
la première ligne d'un dessin vient tacher le blanc d'une feuille, l'image est déjà
née, elle existe déjà dans l'esprit de son artiste. Il ne lui reste plus qu'à pouvoir
faire de ces traits une réalité, celle qu'il conçoit déjà dans son imaginaire.
Mais entre imaginaire et réalité, la barrière est énorme. Un
artiste n'est rien d'autre finalement qu'un homme qui essaye sans cesse de franchir cette
barrière. Je me demande toujours si quelqu'un a réellement pu le faire.
Mais je ne suis pas artiste, simplement dessinateur de bédé.
J'ai cependant une immense chance, celle d'avoir choisi mon
commencement. Tout a été décidé en une nuit. Jean-Seb et moi parlions. Nous aimions
déjà ces deux personnages, mais ils n'étaient que des personnages de jeu de rôle, des
sortes d'incarnation qui cessent de vivre dès que la partie de jeu de rôle s'arrête. JS
savait que je révais de faire une bédé. Quand à lui, il désirait plus que tout faire
de ce personnage a qui il avait donné vie, Moonshade, un avatar bien vivant. Je ne
pouvais que suivre son idée. Mais cela ne restait qu'une idée, sans point de départ...
Il y en eu un, simple, et définitif.
Raconter la plus étrange et belle histoire d'amour que nous
pourrons jamais imaginer...
"- Qu'y voudrais-tu?"
"- La beauté des mythes, des légendes qui ont pris
naissances dans les plus grandes sagas des cultures celtes et nordiques. La force de leur
symbole, de leur évocation. Et toi?"
"- Le souffle du romantisme le plus pur, le plus
déchiré... celui qui souffle sur les mots de Tristan et Iseult, Roméo et Juliette.
Celui qui brise tout ce qui est en nous, pour nous faire pleurer, et espérer..."
Bien sûr, ça ne s'est pas passé
comme ça, et je n'ai pas exactement dis cela. Si je devais tout vous
expliquer, cela
prendrait tellement de pages!!
Mais nous savions ce que nous
voulions. Il y eu un commencement...
Pourquoi ai-je écris tout cela?... parce que dès lors, j'avais
un but à atteindre, une image finale à donner non pas à un dessin, à un trait, mais à
une oeuvre entière. Une oeuvre qui au fil du temps me parait toujours plus importante, et
pourtant de moins en moins effrayante, au fur à mesure que le crayon guide plus ma main
que je ne guide le crayon...
Le commencement est un instant long, précieux et pénible... il
est très difficile de savoir quand il prend fin, et quand enfin on a atteint ce que l'on
cherchait.
Mais je sais une chose, c'est qu'au travers des histoires d'Alias
et JS, j'ai là l'immense chance de pouvoir surmonter la barrière entre notre monde et
mon imaginaire. Et surtout, vous le faire partager...
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Jeux de rôle et bande dessinée.
Je
me suis rendu compte que sans réveler ce qu'est le jeu de rôle, et son
intéraction directe avec Moonshade, vous ne pourriez tout saisir de l'idée
qui sous-tend le scénario.
En fait, ce
doute est venu d'un moment où en réponse a des remarques fondées sur mon
dessin, j'ai avoué que je n'étais pas grand dessinateur, et qu'en fait, je
ne voyais pas cette bande dessinée comme une suite de dessins avec un
scénario, mais comme un scénario, un histoire, que le dessin sert, un peu
comme les dessinateurs de Sandman. Je ne pense pas que l'on achète les
bandes dessinées Sandman pour le dessinateur, mais surtout pour l'unique
scénariste, pour Neil Gaiman. Pour son personnage, mais aussi pour les
autres (haa... Death), et enfin pour son univers (JS est tombé dedans, et
au fur à mesure de ses textes, vous verrez que l'on sent cette influence).
Pour cette bédé, j'aimerai qu'il en soit de même. Bien sûr, je fais tout
les efforts que je peux pour obtenir le meilleur résultat possible (couché
tout les soirs à une ou deux heures du mat pour être debout à sept, ça
use), mais ce n'est aps dessiner, qui m'attire dans cette bande
dessinée... c'est illustrer une histoire et un monde que j'admire et qui me
font rêver.
Mais quel rapport avec le jeu de
rôle? Le premier rapport est déjà fort simple: les trois créateurs de
cette bédé sont des rôlistes convaincus voire éfrénés. Et Erdorin,
l'univers de Moonshade, puis la Sphère, l'étendue spatiale qui va abriter
les aventures de Kyoshi, sont tous les deux nés d'élements de jeu de
rôle...
Comme expliquer le jeu de rôle
prend du temps, je vais juste mettre un lien sur l'explication
du jeu de rôle version Quid, sur les pages d'Alias... et revenez
ensuite lire la suite.
Le jeu de rôle a ceci
de particulier qu'il demande, et génère de lui-même des mondes, des
contextes, des univers, des ambiances. Le meneur de jeu doit travailler sur
ses univers, et plus il fait vivre d'aventures aux personnages de ses
joueurs, plus cet univers s'affirme, devient profond et dense... les joueurs
eux-même en viennent à ajouter de la profondeur à ce monde... et il
n'aura de cesse de grandir tant que l'on se sert de lui.
Je
suis meneur de jeu depuis plus de 15 ans... et j'ai inventé et réinventé
des tas de mondes... jusqu'au moment où ces mondes m'ont en partie
échappés pour commencer à vivre sous la tutelle d'autre meneurs de jeu,
souvent joueurs avec moi, et qui se servaient de mon univers pour à leur
tour faire jouer. Et c'est sur la base de mon univers
médiéval-fantastique, et de ce que je fis vivre à son personnage
préféré que JS eu l'idée de scénariser la bande dessinée Moonshade. Il
commença avec moi un gros travail de reprise de cet univers... quoi garder,
quoi mettre, quoi placer en avant... et cela ne nous plaisait pas... Il
manquait une profondeur... J'aime les choses logiques, et JS aime les
éléments mythiques... La première idée de l'Arbre-Monde (il ne
s'appelait pas encore Erdorin) était simplement trop floue et classique. Et
c'est à peu près à ce moment que nous commençames à discuter de ce
projet avec Alias, créateur du jeu de rôle Tigres
Volants, et grand ami depuis. Et c'est aussi à ce moment-là que je
réalisai pourquoi j'aimai son jeu de rôle, mais aussi pourquoi je n'aimai
pas notre scénario de bédé... Et JS eu sans doutes le déclic avant
moi...
Nous pouvions faire ce que nous
voulions, nous n'avions jamais pensé à regarder notre scénario et notre
monde avec un autre regard que celui que les joueurs de jeu de rôle lui
prêtent: un excuse pour plein d'aventures... Il n'avait en réalité pas ce
poids, ce contexte qui rend toute chose palpable et réelle, fait que Dune
ou Fondation semblent vivrent quand on les lis. Et nous choisîmes alors une
solution qui nous fît reécrire complètement tout cet univers... cette
idée qui vient à la base de deux constatations: la première est que le
passé de Tigres Volants suggère qu'avant la dernière glaciation terrienne, une
grande civilisation de type renaissance, impliquant des sortes d'elfs
éternels à la technologie développée, domina l'Europe et l'Asie. L'autre
constatation, la mienne, fut que la dernière glaciation fut un accident
géologique imprévisible et cataclysmique, qui balaya presque tout sur son
passage. Et JS créa un mythe pour expliquer ce passé et cette histoire, un mythe qui devint réel sur ce monde, le
mythe de la création, de ses démélés enchevétrés et du rôle des Dieux
dans cette civilisation et sa mort, en même temps que ces dieux
faillibles...
Et je peux dire que dès cet
instant, cette histoire a pris une toute autre envergure, puisque à partir
de là, nous n'avons cessé de rajouter autant de choses que nous pouvions
(appel aux scénaristes.. j'attend vos textes!!!), et d'autre part, j'en
suis venu à faire jouer dans ce monde médiéval-fantastique qui en
ressemble plus au mien, ni réellement à quelque monde que ce soit...
Finalement,
ce monde qui nous a servi de cadre pour la bande dessinée, au delà même
de ces notes qui servent aux scénaristes à poursuivre leurs histoires,
leurs intrigues, et à moi à choisir les décors, les costumes, les
symboles, etc... est devenu un monde à part. Et, comme une boucle qui se
répète, alors que je me dis que j'écrirai sans doutes un jour le jeu de
rôle d'Erdorin, basé sur tout ce travail, je réalise que d'un jeu de
rôle, et de nos imagination est né une histoire, une bande dessinée, un
monde... et que cela devient à son tour, un jeu de rôles...
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