Sic transit gloria machin. Pendant longtemps, ce chapitre est resté vide. Puis j'ai fini par y rajouter des trucs. Depuis je ne lis plus de mangas... Cela dit, j'en regarde beaucoup: ils bougent, ce sont des dessins animés (le vrai fan dira, lui "animes", mais bon).
Or donc, la bande dessinée japonaise, vulgairement appelée Manga...
C'est clair que, pour beaucoup, les japoniaiseries sont avant tout composées de séries nullardes pour gamins, avec des persos masculins ultra-violents et des héroïnes adolescentes à grands yeux, avec tout ce que ça implique au niveau fantasmes divers et variés. Si on reste dans le superficiel, c'est assez vrai. Mais comme d'habitude, quand on gratte un peu, on découvre d'autres choses.
Notamment que, si les Japonais sont de gros copieurs (les fabricants occidentaux de voitures et d'électronique en savent quelque chose), ils ont aussi le chic pour aller à donf dans le stéréotype et aussi le transcender. Les rôlistes penseront immédiatement à Legend of Lodoss Wars.
Bon, je ne vais pas me lancer tout de suite dans le cours ex cathedra sur les différents types de mangas, mais me lancer dans un bref descriptif de mes titres préférés, tant au niveau bande dessinée que dans leurs inévitables prolongement animés. Car s'il est une chose pour laquelle on peut envier les créateurs japonais, c'est bien le fait que souvent leurs personnages prennent une toute autre vie sous la forme de dessins animés (appelés Animes).
Je m'en souviens comme si c'était hier; c'était pourtant en Avril 1990. Conviés avec les Créateurs Genevois pour aller faire les guignols (on est très doués pour ça!) dans un salon de la bédé à Grenoble, nous avions pu obtenir des billets de faveur (par pur piston pour une "projection d'Akira". Le premier volume de l'adaptation française venait de sortir, et pour tout dire, malgré le battage médiatique, on s'attendait au mieux à un diaporama minable.
Soyons clair: on a pris une baffe monumentale! Je pense refléter assez fidèlement l'état d'esprit de mes camarades. Je suppose que, depuis, vous avez dû voir le monstre; je parle du film, oeuf corse! Si ce n'est pas le cas, vous allez le voir, maintenant, tout de suite..
Résumons: un monde futuriste, une expérience scientifique de mutations psychiques qui part en couille, des jeunes motards inconscients (pléonasme?) au milieu.
Akira, de Katsuhiro Otomo. En beaucoup de volumes en français chez Glénat.
Un jeune garçon se transforme en fille dès qu'il est en contact avec de l'eau froide. C'est pas banal, non? Si on rajoute à ce début qu'il est très doué en arts martiaux, que son père l'a promis en mariage à la moitié de la Chine, qu'une certain nombre de filles sont amoureuses de lui et un certain nombre de garçons amoureux d'elle et que d'autres dans son entourage se transforment en choses encore plus idiotes, et vous aurez une idée de ce qui est sans doute la plus délirante des séries japonaises existantes à l'heure actuelle.
Il y a un côté soap opera dans cette histoire, mais aussi de bonnes doses de Tex Avery et d'auto-ironie. Et pour une fois, ce n'est pas seulement une histoire pour ados mâles surhormonés.
Ranma 1/2, de Rumiko Takahashi. Au moins un wagonnet de volumes en français, aussi chez Glénat, au format de poche.
Alors que la Terre est sur le point d'être rasée par des envahisseurs extra-terrestres qui ont beaucoup moins d'humour que les Martiens de Tim Burton, le héros ne trouve rien de mieux que de tomber amoureux de la fille de l'empereur desdits extra-terrestres, une espèce de furie en cotte de maille-bikini avec une grosse épée et un sale caractère.
Le dessinateur a sérieusement pété un câble sur les décors organiques des vaisseaux extra-terrestres: à côté, Alien c'est du profilé en soufflerie. Rajoutez un ch'tit côté mystique et vous aurez la sauce.
Outlanders, de Johji Manabé. Ça a dû être traduit en français, mais franchement je m'en fous: j'ai la série US (huit volumes en tout, chez Dark Horse).
Le personnage principal de l'histoire, Grey, a beaucoup de points communs avec le Terminator. Il est plus mignon, cependant.
Soldat dans un monde apocalyptique où les dernières cités se foutent sur la gueule dans un bel ensemble sans trop savoir pourquoi, il résiste à tout et au reste, a le sens de l'humour d'une machine à laver en panne et finit l'histoire tout cassé. Côté histoire, justement, on a connu des enterrements plus réjouissants. Mais j'ai bien aimé.
Grey, de Yoshihisa Tagami. Non-traduit en français, mais il existait en son temps une version américaine, en deux volumes.
Soit deux filles, un tantinet allumées: Kei et Yuri, la rouquine et la noiraude. Agents très spéciaux d'un organisme international de sécurité, elles sont appelées lorsqu'il y a un gros problème pour le régler. En anglais: troubleshooting, avec un accent sur le shooting... Elles sont très douées (surtout, donc, pour le côté shooting), si l'on excepte le regrettable détail qu'en général, leurs missions se terminent en catastrophes majeures. Mais ce n'est pas leur faute...
De la série originale japonaise, on retiendra quelques Animes amusants, mais je préfère mettre l'accent sur son adaptation américaine, par deux fous furieux qui ont sérieusement accentué le côté danger public des demoiselles.
Dans les dernières histoires, l'aspect cyberpunk de l'univers s'est aussi passablement accru et cela donne au final un immense délire de technologie, de destruction massive, de parler crypto-futuriste et d'allusions sexuelles à peine voilées. Si vous aimez le cyberpunk délire, c'est à ne rater sous aucun prétexte, même celui de la langue.
Dirty Pair, de Adam Warren et Toren Smith (sur les trois ou quatre premiers volumes). C'est sorti en relié (cinq volumes) chez Dark Horse.
Un des auteurs les plus prolifiques de la scène japonaise, Shirow est aussi très probablement un cas clinique. Sa série-phare, Appleseed, nous plonge dans un monde futur où, après une guerre passablement destructrice, une cité utopienne essaie de rebâtir quelque chose qui s'apparente à une civilisation.
Une jeune mercenaire, Deunan, et son collègue, un cyborg au nom improbable de Briareos Hecatonchires, sont recrutés par les forces de police de la ville en question. Au menu, des robots, des armures de combat, de la haute technologie. Avec une chiée d'explication scientifiques dans les marges et en toile de fond des intrigues politiques à rendre barge un chroniqueur russe.
Shirow a le chic pour le dessin technique, les explications techniques plus ou ou moins foireuses et les références mythologiques. De ce point de vue-là, Orion atteint des sommets. C'est probablement un des univers de SF les plus chtarbés qui m'ait été donné de voir, et je m'y connais... Si vous voulez tout savoir sur les yinions et les yangions, allez voir!
Commentaires: Stéphane "Alias" Gallay -- Ou alors venez troller sur le forum...