J'aime beaucoup le rock progressif.
Vous vous en foutez? Alors qu'est-ce que vous faites là? Vous êtes maso? Ah bon, c'était une blague... J'aime autant ça.
Bonne question mon cher Elkabbach, s'il vous reste un peu de cirage, je pourrais faire mes pompes, comme disait en son temps le regretté Coluche...
Bonne question, parce qu'il n'est pas évident d'y répondre. Je vais néanmoins m'y essayer: le rock progressif est un genre musical apparu à la fin des années soixante et proposant une musique complexe, basée plus sur des ambiances que des considérations bassement remuantes, souvent découpée en de plus ou moins longues plages, un peu comme les chapitres d'un livre. Ce qui donne au demeurant des morceaux sensiblement plus longs que les "3 minutes 45" chers aux fabricants de 45 tours (note pour les ignares qui ne savent pas ce que c'est qu'un 45 tours: petit disque de vinyl, équivalent antique des cd-singles d'aujourd'hui) et des programmateurs de radio. Et comme si ça ne suffisait pas, les paroles des morceaux (quand il y en a) sont aussi du genre recherché, souvent inspirées d'histoires, de légendes, de récits ou de poésie contemporaine.
Résumons-nous:
On l'aura compris, le rock progressif n'appellera pas le pékin moyen, préoccupé de trouver des musiques publicitaires avec un maximum de basse pour pouvoir se remuer le début de durillon Kronenbourg en boîte, frimer comme une bête et ramasser des gonzesses (d'où l'expression "thon en boîte"). Et comme les médias suivent les goûts du public, à moins que ce ne soit le contraire, on comprendra aisément que, commercialement, le rock progressif, ce n'est pas ça.. D'un côté, c'est plutôt une bonne nouvelle. D'un autre, c'est un genre qui est condamné à se développer un peu en underground, et qui de plus n'a pas le côté extrémiste -- ou si peu -- que l'on trouvera plus forcément dans les musiques dites "alternatives". Rejeté par tout le monde, le rock progressif ne peut compter que sur une poignée de fans -- dévoués, comme le sont tous les fans -- et l'engouement éventuel, périodique et très temporaire des médias.
Mais on s'en fout, nouzautres proggers, on aime ça, et tant pis pour ceux qui disent que ça sautille, ou ce genre de mesquineries..
Il existe au sein de la famille "rock progressif" quelques courants:
Surnommé par mes soins "progressif dinosaurien" (entre 1969 et 1979), est caractérisé principalement par des morceaux particulièrement longs, abonimablement complexes et déroutants, l'utilisation massive de synthés aux tonalités outrageusement dépassées à notre époque et souvent des chanteurs à voix de fausset.
Exemples: Pink Floyd, Genesis, Yes, Van der Graaf Generator, Emerson Lake and Palmer, Ange.
Désigne pour moi principalement la musique de Mike Oldfield. Une musique principalement instrumentale, lorgnant dans sa complexité et sa construction vers la musique classique, avec un son de guitare reconnaissable entre mille. Bref, tout ce que Mike Oldfield arrive très bien à faire..
Maizalors, me direz-vous pour peu que vous ne soyiez pas complètement tarés, pourquoi faire une catégorie exclusivement pour cela? Eh bien d'abord parce que Mike Oldfield est un monument de la musique contemporaine: plus de vingt-cinq ans de carrière, et à peu près autant d'albums, ça ne peut que forcer le respect; ensuite parce qu'il existe quelques petits jeunes qui se lancent dans le créneau. Oh, bien timidement, mais il faut tout de même mentionner des gens comme Gandalf, Paul Sutin & Steve Howe, ainsi que Nacho Cano.
Apparaît timidement vers 1980 et persiste depuis. Dépoussièrant le genre après la grande vague punk, il tente de remettre le "rock" dans le "progressif". Exemples: Marillion, iQ, Pendragon, Pallas.
Petit nouveau né à la fin des années 80 et qui déboule depuis quelques années dans les milieux interlopes du heavy-metal et des dinosaures progressifs. On y trouve des groupes de heavy-metal ayant décidé de s'orienter vers quelque chose de moins binaire et de moins cliché, comme Queensrÿche, Fates Warning ou Dream Theater, et des proggers qui s'aventurent, toutes guitares dehors, sur les plate-bandes des métaleux, encore tout surpris de tant d'audace, tels les monumentaux Magellan.
Appelation-maison désignant quelques groupes qui marchent sur la frontière floue du progressif et d'autres genres, comme Ozric Tentacles, qui flirte avec le Space Rock de Hawkwind et les musiques ethniques, Skyclad et ses mélodies métalo-folk, ou le Voyage de Noz, rock presque classique, si ce n'étaient des textes particulièrement soignés.
Heureusement, des groupes de progressif, ça ne manque pas. Enfin, pas trop... Vous en avez déjà eu un aperçu dans la page précédente.
Quelques-uns de mes chouchous:
Commentaires: Stéphane "Alias" Gallay -- Ou alors venez troller sur le forum...