Surprise, surprise, le Tonton Alias n'écoute pas que des productions aseptisées qui sautillent, mais s'aventure parfois sur des rivages obscurs, à la lisière des jardins d'Eden et du Styx, là où dit-on les Anges n'osent s'aventurer...
Foin de romantisme lyrique, place aux sauvages! Il en faut pour tous les goûts, et c'est pourquoi ma cédéthèque s'orne d'un certain nombre de diamants noirs, apologie de facettes plus brutales et furieuses de la production rockesque actuelle.
Ainsi, par ordre d'apparition à l'écran...
Ça c'est du rock! Avec des grosses... euh... guitares! Soyons clair: c'est trois zozos n'ont pas inventé la poudre, mais il savent diantrement bien la faire parler. Le genre de brûlot qui vous remue la petite cuillère...
Groupe mythique du Dark Wave, les sépulcraux Fields of the Nephilim ont fini par splitter, donnant naissance à deux entités: Rubycon dont je ne sais pas grand-chose, et Nefilim du feuleur en chef Carl MacCoy.
Si les derniers Opus (ou Opi?) des Fields of the Nephilim donnaient plus dans un éthéré planant et ciselé, le Zoon des Nefilim ne s'embarasse pas trop de fioritures: on rentre dans le tas avec la subtilité d'un corbillard fou lancé à donf à travers les plaines infernales! Ce Zoon-là vous explose dans la gueule et, s'il vous laisse parfois le temps de respirer, c'est pour mieux vous emmener jusqu'au bout des deux parties du morceau-titre qui ne dépareillerai pas une cérémonie incantatoire, avant de vous achever avec un Coma, après lequel vous ne regarderez plus jamais "Urgences" comme avant.. Dire que Zoon est un album à recommander revient à spéculer sur l'obscurité de la nuit: le reste est littérature.
Il est six heures le soir, vous rentrez chez vous après une dure journée de travail, au cours de laquelle votre chef a été exécrable, comme d'habitude, votre PC a bombé trois ou quatre fois au moment d'imprimer le document urgent. Vous vous êtes pris une bûche ou deux pour stationnement illicite ou refus de priorité, voire délit de sale gueule, et y'a Pradel sur la une.
Que faire? Allez hop, un p'tit Faith No More de la grande époque: The Real Thing ou Angel Dust, le volume sur "Richter 9". Ça décolle les papiers peints peut-être, mais ça défoule!
À éviter: le dernier, qui a eu le temps de tourner une fois et demie sur mon lecteur avant de se faire fourguer en solde, pas cher...
Un critique rock, qui pour une fois avait compris quelque chose à l'histoire, s'est demandé si, par hasard, la bande de secoués du crémol qui compose habituellement Killing Joke n'avait pas brutalement (c'est le mot!) eu envie de coller des hémorroïdes à Ministry.
Osons le dire: si c'est le cas, c'est réussi! Rien que pour des joyaux, du genre Pandemonium, Communion et ses harmonies arabisantes (à hurler en live, même si on n'entend rien avec la sono qu'ils ont...) et Mathematics of Chaos, c'est à écouter en urgence.
On a tant dit sur ces gourous du techno-industrio-thrash que je vais sans doute mourir avant de trouver quelque chose d'original. Ça baffe sévère, un point c'est tout...
Il y a dans cet album du génie. Pas partout, malheureusement. Mais là où des groupes quelconques répartiraient équitablement le génie pour cacher la merde au chat, Mekong Delta a la bonne idée de le concentrer au milieu, dans une "Suite pour groupe et orchestre".
Ou, quand le métal lourd et furieux rencontre le classique contemporain. Il y a vingt ans, Emerson Lake & Palmer nous la jouait pareil. Aujourd'hui, c'est Mekong Delta qui reprend le flambeau. C'est bien aussi, la lumière noire.
Je ne sais toujours pas si c'est volontaire (je soupçonne que oui...), mais Rammstein est un groupe qui me fait hurler de rire. Ils sont allemands jusqu'à la caricature et balancent du métal industriel, façon "sidérurgie de la Ruhr".
Ils chantent allemand des chosespas traduisibles et, en concert, ils font sauter au moins un élément de décor par morceau. Ou alors ils foutent le feu à quelque chose. Même le chanteur, parfois.
Rammstein, un grand moment de rock'n'roll...
À première vue, s'il y a deux genre dont l'alliance peut sembler contre-nature, c'est bien la musique classique et le heavy-metal, et des rigolos du genre Yngwie Malmsteem tendraient assez à prouver cet état de fait. Bien sûr, il y a l'exemple précédemment cité de Mekong Delta, mais aussi Savatage, qui en 1989 nous signait une petite perle nommée "Gutter Ballet".
Y'a du bon et du moins bon, mais là où le groupe mélange une orchestration symphonique avec des bouts de métal en fusion, ça chie des pendules à balancier! Le tir groupé Gutter Ballet / Temptation Revelation / When the Crowds Are Gone / Silk and Steel, ainsi que le final Summer's Rain sont autant de perles au milieu d'un métal autrement classique.
Tiens, les gothiques sont de retour!.. Pas vraiment en fait, puisque Vision Thing, dernier album en date du trio infernal, a déjà quelques six années au compteur. Si ce dernier développe un rock passablement hard survolé par la voix ultrabasse d'Andrew Eldritch (avec la présence surprenant de Maggie Reilly, ex-chanteuse oldfildienne), le précédent Floodland est lui un voyage planant et mélancolique dans les ténèbres. À noter en concert la reprise fantômatique de Confortably Numb, de Pink Floyd...
En voilà encore un qui n'est pas simple: le père Blackie Lawless, chanteur mégalomane (on en connaît d'autres...), sous-clone d'Alice Cooper, est parvenu après des albums musicalement anecdotiques et grand-guignolesques à nous pondre deux trucs plus intéressant. The Headless Children est un exemple intéressant de "j'en ai marre de parler de sexe, alors parlons politique"; les textes polémiques sont servis par une musique plus recherchée que d'habitude, et la sauce prend.
Vient ensuite The Crimson Idol, et là on se dit que le Lawless est réellement mégalo: monsieur nous pond un concept-album sur la vie d'un chanteur de rock. Dans la série "j'ai déjà vu ça quelque part"... Ironie mise à part, l'album réserve de bonnes surprises.
Commentaires: Stéphane "Alias" Gallay -- Ou alors venez troller sur le forum...