Les voies du rock progressif, telles celles du Seigneur et de l'administration genevoise, sont parfois impénétrables. Témoins cette brochette de groupe qui, par leur démarche sinon leur musique, frôlent le genre sans en être tout à fait.
Groupe qui s'était jusqu'alors caractérisé par une production métal-gothique toute droit sortie des moules déjà passablement usés du genre, Anathema a surpris. Agréablement, mais ça vous vous en doutiez.
Eternity est un album envoûtant, subtil et brutal, sombre et lumineux. Et attention! Pas des demi-teintes: tout et son contraire. Yin et Yang. Manichéen, voila: je cherchais le mot... Et très bien. Aussi.
Et comme un album génial, ça ne leur suffisait pas, ils ont persisté dans cette voie, pour notre plus grand bonheur. Sorti en 1998, Alternative 4 parvient à l'exploit d'être presque plus déprimant que son prédécesseur, et encore plus finement ciselé. Si ses membres ne finissent pas par se suicider, ce groupe a de l'avenir!..
Vous l'avez compris: le rock progressif, c'est pas du banal. Mais au bout d'un moment, on s'habitue à tout. Or voilà que déboulent une autre bande d'Anglais (et pas des Américains, comme mentionné précédemment; merci aux fans qui me l'ont fait remarquer), six à la fois, et qu'ils se prennent à mixer allégrement progressif, rock déjanté modèle Hawkwind, et musiques ethniques en pagaille, tout en y greffant des rythmes qui ne dépareilleraient pas la rave-party de base.
Et le plus beau, c'est qu'on s'y attache: c'est tout instrumental, passablement déroutant, et très addictif. Become the Other est un assez bon point de départ, ou alors Erpland, un peu plus ancien mais très bien quand même. Dernier en date, Curious Corn m'a moins branché. Mais ça reste du Ozric, aucun doute là-dessus...
Il y a des fois où, par le plus grand des hasards, on a de bonnes surprises. Avec le dernier album the The Gathering (aucun rapport avec un jeu de cartes idiot), Mandylion, ce serait plutôt une excellente surprise!
Imaginez un groupe de métal lourd, du genre doom-metal: grosse rythmique, guitares orageuses, claviers menaçants, la totale! Calquez là-dessus, à la place du chanteur-qui-se-gargarise-avec des-tessons-de-verre habituel, une chanteuse à la voix cristalline. Autant le dire tout de suite, c'est génial! D'ailleurs, si ça ne l'était pas, je n'en parlerai pas...
Nighttime Birds m'a laissé un peu sur ma faim. Le suivant, au titre évocateur de How to measure a planet est beaucoup plus atmosphérique et déroutant, mais pas désagréable. Le plus récent, si l'on excepte le très bon live Superheat, est if_the_else et est plutôt du genre bizarre. Pas mauvais, mais juste bizarre. Autant dire que Mandylion a encore de beaux jours devant lui...
Commentaires: Stéphane "Alias" Gallay -- Ou alors venez troller sur le forum...