Petit tour d'horizon de plusieurs nations européennes de l'univers de Castle Falkenstein, quelque peu oubliées en cours de route. Ce sont des nations de second ordre, soit, mais elles ont toutes une place sur l'échiquier géopolitique; de plus, au train où va le monde, qui pourra dire qui sera encore une grande puissance dans trente ans?...
La Confédération helvétique est un État récent: fondé par Napoléon Bonaparte en 1798, reconnu dans sa forme actuelle en 1815 par les Puissances européennes, il est plus né du désir de ces Puissances (Prusse, Bavière, Autriche, Russie et Angleterre) d'avoir un État-tampon entre la France et le reste de l'Europe que de la volonté de ses habitants. En d'autres termes, c'est une construction nationale en partie artificielle.
En partie seulement, car la plupart des territoires actuellement suisses étaient auparavant liés par de nombreux liens économiques, politiques et/ou militaires; le terme "Suisse" en lui-même s'appliquait à l'alliance de montagnards et de citadins qui, pendant les siècles précédents, avaient contribué à l'histoire européenne, fournissant mercenaires, marchandises et idées religieuses nouvelles.
En 1870, la Confédération en est déjà à la seconde refonte de sa Constitution, étant passée d'une confédération de cantons indépendants à un état fédéral, plus centralisateur. Le pays vit dans un fragile équilibre entre ville et campagne, catholiques et protestants, latins et alémaniques, conservateurs et progressistes. L'identité nationale y est encore vacillante.
Officiellement, la Suisse est un pays neutre; il n'a pas à prendre part dans un conflit et, en échange, son intégrité est garantie par à peu près toutes les têtes couronnées de la région. Mais, malgré tous les efforts des Puissances continentales, la nation envers laquelle la Suisse se sent la plus proche est la France de Napoléon III. Le pays a même failli se retrouver en guerre contre son puissant voisin en hébergeant le ci-devant Prince Louis-Napoléon au moment où celui-ci tentait de remettre un pied en France en fomentant des coups d'État en Alsace...
Les ambitions pan-germaniques de la Prusse de Bismarck l'inquiètent beaucoup plus; elle-même est en grande partie allemande -- ou tout au moins germanophone -- et une partie non-négligeable de la population regarde vers Berlin avec un intérêt renouvelé. Elle soutient donc officieusement les forces du Second Pacte, tout en maintenant un réseau serré de correspondants en Prusse et en Angleterre, et sert souvent d'entremetteur dans le cadre de négociations plus ou moins informelles entre les deux forces.
Il y a un peu plus de vingt ans, le pays était considéré un peu comme une nation du tiers-monde: affligés par une famine générale, les paysans des régions alpines recevaient même une aide alimentaire de la Russie...
Depuis 1848, la situation a beaucoup changé: l'arrivée au pouvoir de réformateurs et les premières percées de la Révolution industrielle ont atteint le pays et commencé à porter leurs fruits. Soutenu par un secteur bancaire solide, l'économie helvétique s'est développée à toute allure.
Le pays est surtout réputé pour son secteur tertiaire: banques, courtage, premières compagnies d'assurance. L'horlogerie est bien évidemment la seconde industrie de pointe, avec ses dérivés (mécanique de précision).
Pays de montagne et de forêts, la Suisse regorge de villes naines de plus ou moins grande importance, de lieus féeriques, ainsi que de repaires de dragons. La mauvaise nouvelle, c'est que la Cour noire y a du coup aussi ses entrées...
Les nains fournissent à la Suisse nombre d'ingénieurs et artisans de génie, surtout dans le domaine de l'horlogerie (le Jura héberge la Grande Fontaine, une ville naine de grande importance) et des chemins de fer (aucun tunnel n'est trop long, aucun viaduc trop haut...). Du coup, les relations avec les fées de la Cour blanche ont tendance à s'envenimer: l'industrialisation du pays place des barrières de fer infranchissables.
Les Alpes abritent aussi un certain nombre -- voire un nombre certain -- de dragons, dont beaucoup ont des intérêts plus que conséquents dans la finance helvétique; on peut d'ailleurs presque dire que ce sont l'or des dragons et l'acier des nains qui contribuent à fonder la Suisse industrielle.
Zurich est la plus grande ville du pays. C'est une cité austère et banquière, tournée vers le commerce et l'économie. Bâle est aussi un centre de commerce très important, un des derniers ports fluviaux sur le Rhin avant la Mer intérieure. Berne, capitale fédérale, est encore une petite capitale provinciale avec un centre ville aux airs moyen-âgeux.
Genève, célèbre à travers les siècles comme cité du Refuge huguenot, est en pleine transformation: les murailles ont été abattues en 1854 et, sur leur emplacement, on construit à tour de bras. La ville abrite moult étrangers, son université ayant un rayonnement international, et son économie tourne autour des banques et de l'horlogerie.
État central par excellence, la Suisse a en même temps un statut exposé et protégé. Personne n'a intérêt à ce qu'elle perde son indépendance, mais d'un autre côté, un peu tout le monde aimerait la voir dans son camp. C'est donc tout naturellement un nid d'espions de tous bords.
Si on est loin du cliché "il ne se passe jamais rien, ici", les choses restent tout de même calmes, feutrées: on ne veut pas agir au grand jour, sous peine 1) de se faire remarquer par les adversaires, 2) de se mettre la Confédération à dos.
Les personnages peuvent donc très bien y être des agents de puissances étrangères, luttant pour gagner de l'influence et contrer les mouvements ennemis, mais aussi des agents du contre-espionnage suisse, tâchant sinon d'arrêter, du moins de contenir les ardeurs de ses puissants voisins.
La Suisse est aussi le pays des maîtres-horlogers et, de l'horlogerie à la machine infernale, il n'y a qu'un pas -- que peu de Génies du Mal hésitent à franchir.
Les Royaumes d'Espagne et du Portugal, frères ennemis ibériques, sont des monarchies sur le déclin. Longtemps assises sur leur gloire passée et sur l'or des colonies, elles voient leur puissance s'étioler.
Au cours du 19e siècle, l'Espagne a subi plus que sa part de revers: indépendances multiples en Amérique latine, perte de colonies face aux Anglais. Engoncée dans son catholicisme conservateur, le pays est en train de complètement rater le coche de l'industrialisation. De plus, des réformes malheureuses ont aliéné une grande partie de la population paysanne, de plus en plus sensibles aux thèses de l'Anarchiste Karl Marx.
La monarchie traverse aussi une crise sans précédent: de soulèvements en coups d'État, le pouvoir est incertain tout au long du siècle. De plus, la reine Isabelle II a été contrainte à l'abdication en 1868, suite à un coup de force des militaires (les généraux Juan Prim et Francisco Serrano). Depuis, la Prusse et la France tentent de placer leur candidat sur le trône et, dans la confusion générale, les idées républicaines gagnent du terrain.
Le Portugal se porte un peu mieux que son grand voisin. Elle aussi a beaucoup souffert de la perte de son empire colonial, et notamment de l'indépendance du Brésil en 1822. Elle aussi a eu à traverser une crise constitutionnelle et politique majeure mais, contrairement à l'Espagne, le Portugal en est sorti depuis quelques années.
La "Regeneração" portugaise a été entamée dès les années 1850. Elle consiste principalement en une alliance pragmatique entre conservateurs et progressistes, qui se succèdent au pouvoir au gré d'élections pré-arrangées et truquées. La figure politique majeure de la période est le Premier ministre Fontes Pereira de Melo, au pouvoir depuis les années 1850.
Mais le Portugal souffre lui aussi de carences économiques graves: la perte de ses colonies, combinées à un faible marché intérieur et les troubles de la première moitié du 19e siècle ont lourdement grevé son économie. Les quelques réformes et développements technologiques dont bénéficie le pays ne suffit pas à l'extraire de son extrême pauvreté.
Le pays se prépare à lancer de grandes expéditions en Afrique du sud, pour tenter de retrouver de sa splendeur coloniale d'antan, mais rien ne dit que cela va changer quoi que ce soit à la situation actuelle.
Historiquement, l'Espagne et le Portugal sont plus proches de l'alliance Allemagne-Angleterre que du Second Pacte. Si Bismarck a son mot à dire, c'est même un prince prussien qui pourrait prendre place sur le trône espagnol. Quant au Portugal, il a pu compter sur le soutien britannique de par le passé et les deux nations restent très proches.
Le peuple fée de la péninsule ibérique est rare et farouche. On ne peut guère leur en vouloir: ces quatre derniers siècles, ils ont eu à lutter contre un redoutable adversaire: l'Inquisition. Même si l'Église officielle de Rome n'a jamais formellement approuvé les méthodes de ses zélés serviteurs à l'égard du Petit Peuple, elle n'a jamais été très loquace pour les dénoncer non plus. Du coup, les fiefs nains sont aux aussi rares; on trouve quelques modestes villes dans les Pyrénées, au nord du pays, et une poignée d'artisans -- souvent étrangers -- dans les grandes cités ibériques.
Les Dragons sont eux aussi rares dans la régions. D'une part, ils ont eux aussi eu des discussions houleuses -- et douloureuses, pour les deux parties -- avec l'Inquisition. Mais d'autre part, ceux qui vivent encore en Espagne sont abominablement riches. Ce qui en soi attire déjà les convoitises (et donc les ennuis), mais, dans ce cas présent, cela attire aussi les vengeances: ces richesses proviennent le plus souvent des pillages effectués en Amérique (et ailleurs). De temps en temps, les victimes viennent se rappeler au bon souvenir de leurs bourreaux...
L'Espagne reste une terre marquée par les conflits sociaux: les riches y sont très riches -- et souvent odieux -- et les pauvres très pauvres -- et donc désespérés. Dans ces conditions, les personnages autochtones auront probablement fort à faire pour contenir les ambitions démesurées des propriétaires terriens et/ou les actions terroristes de paysans jusqu'auboutistes.
Rajoutez derrière une grosse dose d'intrigues de cour: le trône vacant d'Espagne attire toutes les convoitises et toutes les manœuvres politiques pour mettre la main sur le royaume et ses dernières colonies. La péninsule risque fort de devenir, contre son gré, un champ de bataille par contumace entre les forces du Second Pacte et de l'Adversaire -- Prussiens en tête.
Il y a enfin les ambitions coloniales de couronne portugaise, qui, à la recherche désespérée de sa grandeur passée et d'un miracle économique, pourrait très bien abandonner toute prudence et tout scrupule.
Tout comme l'Allemagne de Bismarck, l'Italie de Garibaldi est une construction nouvelle. Le pays s'est fédéré autour de Victor Emmanuel, roi de Sardaigne, et surtout autour du grand général Garibaldi, qui a bouté les Autrichiens hors du nord de la péninsule -- un revers de plus pour la monarchie austro-hongroise.
Par rapport à notre monde, où la défaite française de 1870 a permis à l'Italie de finir son unification, la défaite prussienne lors de la bataille de Königsieg a failli sonner le glas des espoirs italiens. Il a fallu l'intervention de la Bavière, probablement poussée par Tom Olam, pour mettre sur pied une conférence multilatérale à Nice, en 1869, afin que Napoléon III finisse par renoncer à ses prétentions sur le Latium. Le premier janvier 1870 marque l'unification du Royaume d'Italie.
Le mouvement nationaliste italien, très populaire, fait moins de bruit que son homologue allemand, car il repose nettement moins sur un programme impérialiste. Le développement du pays est tourné vers l'intérieur, et il y a fort à faire: l'Italie de 1870 est encore un pays très arriéré, au sud peu industrialisé et paysan.
Fraîchement constituée, l'Italie a fort à faire avec son unité et son développement interne pour se lancer dans le colonialisme. Cela lui évite déjà passablement de discussions houleuses avec les autres puissances de la Nouvelle-Europe, et c'est pas plus mal.
En fait, le royaume fait de gros efforts pour adopter un profil bas et une neutralité de bon aloi au sein du concert des nations européennes. D'un côté, ses relations avec deux des puissances du Second Pacte, l'Autriche et la France, restent tendues pour des raisons historiques; de plus, elle entretient de très bons rapports avec la Prusse. D'un autre côté, elle a une dette certaine envers la Bavière; de plus, si Victor Emmanuel et l'empereur prussien Guillaume s'entendent fort bien, il n'en est pas du tout de même entre son premier ministre Cavour et le chancelier Bismarck. Et, au delà de ces querelles de personnes, la politique italienne s'accomode assez mal des ambitions territoriales allemandes. Un Axe avant l'heure n'est donc pas à l'ordre du jour.
Région catholique de longue date (on se demande bien pourquoi...), la botte italienne a toujours eu une politique assez peu accueillante envers le Petit Peuple. Mais ces derniers aimant bien l'endroit, en général, ils s'y sont installés en masse -- ce qui donne des relations bien plus conflictuelles qu'ailleurs en Europe.
Mais une des particularités du mouvement nationaliste italien, notamment due à Garibaldi, dont on dit qu'il est lui-même à moitié fée, est d'avoir su intégrer dans ses rangs nombre de créatures féériques, ainsi que des nains et des dragons. L'accord a fait l'objet d'âpres discussions, notamment sur le développement industriel du pays. Somme toute, l'Italie est un lieu où les luttes d'influence entre la Cour blanche et la Cour sombre sont les plus féroces: les fées italiennes oscillent entre confiance en Garibaldi et son pacte et crainte pour un avenir dominé par l'industrie et le fer.
Les Nains se regroupent surtout au nord du pays dans la chaîne des Alpes; on dit d'ailleurs que la multiplicité des cités naines dans cette région n'est qu'apparence et qu'il n'y aurait en fait qu'une seule grande cité naine, sous les montagnes, reliée à ses satellites par des tunnels dans lesquels filent des grands chariots à vapeur... La cité de Vesuvio Vente (au demeurant bien plus bas qu'indiquée sur la carte du livre de base, à hauteur de Naples) est la "capitale italienne" des nains de la péninsule.
Les Dragons d'Italie ont eux aussi contribué à la création de la nouvelle entité, grâce à leurs considérables ressources matérielles. Mais il ne faut pas s'y tromper: ceux qui se sont rangés derrière Garibaldi sont souvent jeunes et très enthousiastes. On compte néanmoins dans leurs rangs quelques anciens seigneurs, notamment en Sicile et Sardaigne, à la réputation -- pardonnez le jeu de mot -- sulfureuse et qui souvent règnent encore en seigneurs féodaux sur une population superstitieuse. Eh oui: loin d'appartenir à la grande Internationale du Crime, la mafia est une affaire de familles draconiques...
L'Italie est un cadre idéal pour des aventures à forte connotation fantastique: magie, fées, dragons et autres créatures surnaturelles abondent dans le pays, de même que les formes de sorcellerie les plus diverses, depuis les magies catholiques jusqu'aux formes quasi-chamaniques des campagnes, en passant par la plupart des ordres néo-européens dans les cités.
Entre France, Mer du nord et Mer intérieure, la Belgique est apparue vers 1830. Contrairement à son homologue de notre monde, c'est une nation principalement francophone, avec une minorité germanophone, surtout au Luxembourg.
Si le pays n'est pas exactement ce que l'on peut appeler une puissance continentale, ne devant sa survie qu'à la bienveillance de son voisin français et de solides relations diplomatiques, il a de grandes ambitions. La Couronne subventionne généreusement de nombreux explorateurs, dont le jeune, mais talentueux Henry Stanley.
La Belgique est un carrefour commercial important, avec Anvers, port majeur sur la Mer intérieur et la Mer du nord. La présence de la Mer intérieure fait d'ailleurs de la Belgique une nation à 90% francophone, avec une petite minorité germanophone à la frontière avec le Grand-Duché du Luxembourg -- qui, dans les faits, est quasiment une province belge avec beaucoup d'autonomie.
Culturellement, politiquement et économiquement, la Belgique est ancrée à la France -- à un point tel qu'on en parle souvent comme d'un protectorat français, ce qui agace les Belges -- et donc au Second Pacte. Cela dit, la Belgique est aussi commercialement très proche de l'Allemagne et de l'Angleterre, comme un trait d'union naturel entre les deux nations alliées.
Elle lorgne elle aussi vers l'Afrique et ses richesses et, quelque part, pourrait assez facilement être intéressée par une alliance avec les puissances saxonnes. Fondamentalement, on peut dire que la Belgique souffre d'un immense complexe d'infériorité et de désirs de puissance démesurés -- ce qui en fait un candidat potentiel pour l'influence de la Cour noire.
Pendant longtemps, la Belgique a été un champ de bataille entre catholiques et protestants, Français, Anglais, Allemands, Espagnols et autres. Autant dire que la plupart des fées ayant un tant soit peu de jugeotte ont depuis longtemps fui les lieux. Celles qui restent sont très résistantes -- ou soumises à la Cour noire, qui a ses lieux d'influence dans la région.
Nains et dragons sont rares; les reliefs belges n'offrent que peu de havres aux nains, mais souvent ces derniers viennent des Ardennes vers Bruxelles ou Anvers pour vendre leurs marchandises ou offrir leurs services; le nain belge est plutôt urbain. Quant aux dragons, ils se font discrets -- plus que d'habitude, s'entend.
Comme le Portugal, la Belgique rêve d'empire colonial; mais elle a les moyens de ses ambitions. Les personnages peuvent très bien faire partie d'une expédition africaine financée par le roi Léopold, partie nouer des contacts le long du fleuve Congo. Toute la question est de savoir, quel genre de contacts? En métropole, Bruxelles et Anvers sont des cités florissantes pleines de mystères et d'intrigues, où les agents du Second Pacte et de l'Allemagne et de l'Angleterre s'affrontent discrètement pour ancrer solidement le pays dans un camp ou l'autre.
Comme, dans l'univers de Castle Falkenstein, la Hollande n'a jamais existé (c'est la Mer intérieure...), c'est le Royaume du Danemark qui, à la sortie de son aventure viking, a évolué vers une puissance urbaine, maritime et marchande. Le pays a toujours farouchement défendu son indépendance et se targue de n'avoir jamais été envahi en plus de dix siècles; si on y regarde de près, ce n'est pas tout-à-fait juste, mais ça sonne de façon suffisamment convaincante pour que les ennuis potentiels y regardent à deux fois.
Actuellement sur le déclin, la puissance coloniale du Danemark s'étend tout de même en Asie (Indonésie) et en Amérique du Sud (Antilles, Guyanne) et sur quelques comptoirs sur les côtes africaines. Mais sa vraie puissance, ce sont les succursales des grands marchands danois, présentes dans la plupart des ports de la Nouvelle Europe. Redoutables navigateurs aux techniques affinées, les Danois ont une telle réputation que même la marine britannique emploie des cartes imprimées à Copenhague.
Historiquement, le Danemark est très proche de l'Angleterre, malgré leur rivalité navale, et très méfiante envers la Prusse, pour des raisons de voisinage tumultueux (la Couronne entretient à grands frais un réseau d'espions et une "coussin" d'États plus ou moins indépendants). Bismarck aimerait d'ailleurs bien voir un Danemark plus réceptif aux thèses pan-germaniques et mieux incliné envers la flotte allemande: le pays contrôle l'entrée et la sortie de la Mer baltique.
Curieusement, le pays reste assez pauvre: c'est principalement une nation de pêcheurs et de petits paysans. L'industrialisation progresse peu, et rarement en dehors des villes; seuls les chantiers navals font montre d'une technologie avancée. Les plus grosses fortunes sont des marchands, armateurs et courtiers -- et la Couronne.
Les méandres d'îles et de marais abritent une importante colonie de fées, des deux Cours. La population a appris à craindre et respecter le Petit Peuple et préfère composer avec plutôt que de subir ses foudres. Pour le reste, le pays ne compte qu'une poignée de nains, souvent employés dans les chantiers navals, et pour ainsi dire aucun dragon; à vrai dire, les Danois craignent énormément les dragons et évitent de les fréquenter.
Le Danemark joue le jeu dangereux de l'indépendance à tout crin: elle refuse de se placer de quelque côté que ce soit. Si elle se méfie de la Prusse, elle a de profonds liens avec l'Angleterre et, si elle a rejeté une alliance avec le Second Pacte, elle ne s'est pas rapprochée pour autant de l'Adversaire.
C'est donc une terre propice à des jeux d'espions, peut-être plus brutaux qu'en Suisse: la Couronne danoise et ses richesses illimitées peut être un supérieur puissant pour des personnages en mal d'aventures dans les micro-principautés allemandes environnantes. On sait qu'elle finance aussi, en catimini, un nombre impressionnant de scientifiques mal considérés par leurs pairs. Qui sait quelles machines infernales se cachent dans les manoirs autour de Copenhague?...
Commentaires: Stéphane "Alias" Gallay -- Ou alors venez troller sur le forum...