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Vous ne voulez pas savoir...

À la poursuite des chats perdus
Prologue: Bibliophilie

Chapitre 11

L'homme assis dans un fauteuil de grand style observait la caisse avec un sentiment confus, mais agréable. Appréhension, désir, peur d'être déçu.

La quarantaine, un visage anguleux et racé, rasé de près et les cheveux artistiquement coiffés, il regardait, simplement. Assis, ses longs doigts croisés.

Puis, après un long soupir, il se leva, réajusta machinalement son costume de coupe anglaise. Pour lui, il n'y avait plus guère que les Anglais qui savaient encore faire des costumes; les Parisiens donnaient dans le décadent, les Piémontais dans le tape-à-l'oeil, et la prétendue "scène montante" de Ringstadt était à la confection masculine ce que la sidérurgie était à l'orfévrerie.

Il ouvrit la caisse avec autant de précautions que s'il manipulait une ogive à antimatière. Ce qu'il y avait à l'intérieur lui avait coûté d'ailleurs à peu près aussi cher...

Le système de communication émit alors un sifflement familier:

-- "Votre Excellence, la quatorzième session est sur le point de commencer, salle de conférence Kiavalana..."

Il lâcha un "Entendu" énervé, contempla une dernière fois l'imposant codex soigneusement enveloppé et se dit que ce serait une pièce maîtresse de plus dans sa collection. Décidément, il adorait la civilisation eyldarin...


-- "Jakob William Erhert Von Aa, diplomate de haut rang de la Confédération Européenne. Né et domicilié à Champfèr, République de Dütweiller; 49 ans, fils d'une famille très riche et très influente au sein du Canton, et de fait modérément influente au niveau du pouvoir fédéral européen. De l'euro-aristocrate pur jus! Il est à la tête d'une délégation d'une quinzaine d'autres diplomates européens, actuellement sur Brivianë pour une conférence multilatérale sur des traités économiques dont l'énoncé seul me donne mal à la tête..."

Loo-Luna regarda Kyoshi. "Et alors?"

-- "Si j'en crois un certain nombre de recoupements de Rogiero, Son Excellence Von Aa s'est déjà signalé dans le passé par une tendance à la kleptomanie. Kaïldien, Fantir, Eridia... et même Copacabana! Disons que c'est un collectionneur qui ne recule pas devant l'illégalité pour compléter sa bibliothèque..."

Un silence tomba sur la tablée. Kyoshi continua:

-- "Or donc, nous avons un personnage jouissant de l'immunité diplomatique, collectionneur de vieux livres et chapardeur récidiviste à moins d'une année-lumière d'ici, et qui plus est dans le même pays..."

-- "Pas tout à fait", interrompit Turlan, qui avait sa fierté. Entre les deux mondes atlani, ce n'était pas une longue histoire d'amour...

-- "Mais il n' y a pas de frontière entre Brivianë et Eokard?"

-- "Non, c'est vrai. Donc il pourrait recevoir les livres et les faire ensuite sortir des Ligues sans être inquiété, par la valise diplomatique... Ça se tient, c'est vrai, mais c'est une accusation grave. Nous n'avons pas de preuve..."

Loo-Luna, qui n'avait jusque là pas desserré les lèvres, comme perdue dans ses pensées, se leva et dit:

-- "Eh bien nous irons voir sur place. N'est-ce pas Kyoshi?..."

Ainsi apostrophée, cette dernière regarda l'Eylwen d'un air bizarre. Elle lança inconsciemment un contact mental et sentit Loo-Luna tendue, comme appréhensive.

-- "OK!..."

Turlan se leva également. "Bien, alors si vous le permettez, je vais faire le nécessaire pour que vous puissiez embarquer au plus vite sur un vol de liaison intérieur. Je vous tiendrai au courant. À plus tard..."

Loo-Luna s'inclina, Kyoshi se leva avec un temps de retard et toutes deux regardèrent l'archiviste s'en aller. Ce fut la Terrienne qui rompit -- mentalement -- le silence:

**Loo, il faut qu'on parle...**


L'eau était douce, la pénombre apaisante.

Loo-Luna se relaxa dans l'onde. Il lui semblait qu'elle n'avait pas dormi depuis deux jours, ce qui était une petite exagération: cela ne faisait guère plus de vingt-quatre heures.

Kyoshi arriva à ses côtés. Elle s'agenouilla au bord du bassin, posant entre elle et Loo-Luna un plateau. Il y avait là une théière, deux tasses et une boîte à épices. La Japonaise servit sans cérémonie (de toute façon, elle n'avait jamais appris: c'était un truc pour jeunes filles de bonne famille...) et toutes deux savourèrent le mélange.

Les Eyldar avaient coutume de dire que lorsque les Terriens auront appris la patience, ils auront fait un grand pas vers la Civilisation (les plus méchants disaient même "un premier pas"...). Kyoshi ne voulut pas faire mentir ce bel exemple de sagesse populaire et de condescendance si propre aux Fils des Étoiles autoproclamés.

-- "Alors, ces légendes..."

Loo-Luna regarda Kyoshi, comme surprise.

-- "Ce ne sont pas des légendes. En tous cas pas dans le sens où tu l'entends."

-- "Oui, oui... je sais comment fonctionnent les légendes eyldarin..."

L'Eylwen soupira. "Kyoshi, si tu ne me laisses pas parler, tu ne sauras jamais comment se passe cette histoire..."


Celebrin était couchée dans son lit. Ce n'était encore qu'une fillette alors. Beranger et Loo-Luna étaient en pleine séance du Conseil, mais même avec une horde de Seigneurs Noirs aux portes de la ville, ils n'auraient oublié de dire bonne nuit à leur fille.

Elle se tut et regarda sa mère, ses grands yeux pleins d'appréhension et d'attention. Elle n'avait pas envie de dormir et Loo-Luna sentit que l'histoire de ce soir allait être particulièrement longue...


-- "Tu sais que j'ai été séparée de ma famille..." Elle hésita un instant avant de reprendre.

"C'était après ce que vous appelez l'Exil. Bien après. Nous n'avions jamais cru à ce qu'annonçaient les Maîtres Ingénieurs: l'Hiver sans Fin, 'le printemps ne reviendra plus'... Nous avions tort.

"L'hiver a duré, et duré. Notre royaume était au sud des Terres, mais malgré tout les glaces sont venues. Inexorablement. Et avec elles un cortège de réfugiés. Les derniers des Ylech, les marginaux, les laissés-pour-compte, tous ceux que l'Ancien Ordre avait laissé derrière lui...

"Nous avons dû nous résoudre à quitter Arda. Pour toujours...

"Je ne sais pas si tu sais ce que c'est de quitter un monde sur lequel on a vécu toute sa vie. Mais il n'y avait pas de choix. Nous avons construit notre propre vaisseau, pour les étoiles. Avec les moyens du bord.

"Je n'ai jamais su ce qui est arrivé précisément. Nous allions partir, ou nous étions déjà partis, quand nous avons heurté quelque chose. Ceux qui ont pu ont abandonné le vaisseau. J'en étais, et j'ai eu la vie sauve. Mais j'ai perdu tous ceux que j'aimais alors."

Le silence pesa sur les deux femmes comme une chappe de plomb. Après un instant long comme une seconde ou un Âge, Loo-Luna reprit:

-- "Inithil est ma fille."

-- "Ta fille?..." Kyoshi avait capté l'image mentale d'un visage qu'elle avait déjà vu auparavant dans l'esprit de Loo-Luna. Une Eylwen à la peau pâle, aux cheveux clairs et aux yeux carmins.

-- "Oui..." L'Eylwen eut un instant de gêne, ce qui étonna Kyoshi. "Enfin, pas seulement. Et pas tout-à-fait non plus..."

Nombreux sont ceux qui, dans l'espace terrien notamment, fustigent les moeurs des Eyldar. Les amours entre parents et enfants, notamment. Sans être particulièrement prude, Kyoshi fronça les sourcils et le regretta aussitôt.

Loo-Luna perçut le reproche tacite. Comme pour s'excuser, elle ajouta:

-- "Ce n'était pas très bien vu à l'époque. Même si Inithil n'est que ma fille adoptive." Elle regarda Kyoshi, lui embrassant le bout des doigts. "Sur ce point, les choses ont au moins changé en bien ces derniers millénaires..."


Inithil effleura son épaule. Elle se retourna pour l'embrasser, mais vit les larmes dans ses yeux.

**Ils ont recommencé?..**

La question était rhétorique. Il y avait peu de choses qui puissent faire pleurer Inithil, elle qui avait affronté les hordes de Monteurs d'Araignées, et même un Seigneur Noir en personne. Les piques et moqueries de courtisans imbéciles en faisaient partie. Et par voie de conséquence, déclenchaient la fureur de Loo-Luna.

Elle serra son amante de toujours dans ses bras.

**Il faudra bien qu'ils s'y fassent... De toute façon notre amour leur survivra.**


-- "Et Celebrin?", interrompit Kyoshi qui commençait à sentir malgré elle quelques bribes de jalousie envers cette Inithil.

-- "C'est ma fille aussi."

"Ma fille naturelle", ajouta-t-elle immédiatement. "Que j'ai eu avec Béranger, mon époux."

-- "Et tu l'aimes aussi..."

-- "Kyoshi, c'est ma fille!"

-- "Ah!", fit la Japonaise avec incrédulité, et aussi passablement de mauvaise foi. Il est vrai qu'elle avait capté certaines images dans l'esprit de Loo-Luna qui pouvait inciter aux commentaires scabreux...

Loo-Luna comprit l'allusion. En toute sincérité, elle ne pouvait pas en vouloir à Kyoshi, mais lui adressa tout de même un regard chargé de lourds reproches. Pour la bonne forme...

-- "C'était son intitiation. En tant que grande prêtresse d'Eylwen Ellendil, je ne pouvais pas faire moins que d'être là!"

-- "Grande prêtresse? De quoi?..."

-- "Je t'expliquerai plus tard." Loo-Luna eut brusquement un sourire presque prédateur. Kyoshi s'empressa de changer de sujet.

-- "Et donc, il y a deux légendes eyldarin qui portent le même nom que tes enfants..."

-- "Et qui sont, qui plus est, très semblables. Celebrin et Inithil s'entendaient très bien l'une avec l'autre. Et en plus elles se ressemblaient beaucoup. C'est peut-être une coïncidence, mais..."

Elle laissa sa phrase en suspens, se tourna vers Kyoshi comme pour guetter son approbation.

-- "Un ancien ami à moi avait coutume de dire qu'il n'y a pas de coïncidences, mais des conspirations bien cachées... Et à ce propos, laisse-moi deviner: l'affreux ambassadeur venu d'outre-espace a piqué un livre qui parle de la Légende..."

Loo-Luna hocha la tête: "Deux..."

-- "Bon, alors c'est simple: on va sur Brivianë, on alpague Son Excellence, on lui met son immunité diplomatique là où le soleil ne brille jamais et on le secoue jusqu'à ce qu'il lâche les bouquins, OK?.."

Loo-Luna, un peu débarquée par l'argot de Kyoshi, comprit néanmoins l'essentiel. Elle se hissa pour embrasser les lèvres de la jeune humaine.

**Merci Kyoshi...**

Elle se laissa redescendre doucement dans le bassin, et Kyoshi suivit, jusqu'au moment où Loo-Luna attrapa les revers de son kimono et l'entraîna avec elle dans l'eau. La Japonaise, trahie par ses propres traditions, cria et se débattit pour la forme.

Ce fut évidemment le moment que choisit Turlan pour les appeler...

Chapitre 12

Assis sur les marches du Centre de Conférence Tevririel-Ramravajapur de Tara Brivianëa, Turgut Glaçik consulta son agenda électronique et se dit que la vie d'attaché diplomatique était parfois dure. Il avait dû pousser les capacités de la minuscule machine dans ses derniers retranchements pour pouvoir caser tous les rendez-vous des dix jours. Il pourrait peut-être dormir quatre heures cette nuit...

Il mâchouilla son sandwich avec autant d'entrain que s'il s'agissait d'une vieille bouée en forme de canard. Quelque part, ça en avait d'ailleurs un peu le goût... Il avait beaucoup lu sur la cuisine atalen en général et brivianne en particulier, mais ce genre d'agapes était réservé aux huiles, pas aux sans-grades! D'un pouce rageur, il commuta sur l'ordre du jour pour la conférence du lendemain.

Il regarda un instant sa bouteille de bière -- sans alcool; faut pas déconner avec le Prophète... Turgut vit qu'elle était fabriquée à Bischhofzell, dans la République de Düttweiller. L'Excellence en chef était lui aussi de la "Dütti" et partageait pas mal de points communs avec la bouteille: bel emballage, étiquette dorée, nom renommé, contenu insipide et sans talent. C'était une grenouille mondaine, comme certains (enfin, certaines...) étaient des grenouilles de bénitier. Il cherchait à se faire aussi gros que les boeufs qu'il fréquentait, mais en dehors de ses capacités de beau parleur, il n'en connaissait pas une miette en économie interstellaire.

De plus, Turgut avait prêté quelque attention à son curieux manège, entre des cabines téléphoniques discrètes et le port-franc de Tara Brivianëa. Il se demanda si la rumeur qui faisait de Jakob von Aa un rusé et redoutable trafiquant -- de drogues, d'armes, ou même d'esclaves?... -- était fondée...Il en conclut alors, d'une part qu'il était très fatigué, d'autre part que la vie d'attaché diplomatique était parfois dure. Et, comme il était très fatigué, il ne s'aperçut pas qu'il l'avait déjà dit au début...

Avec autant de brusquerie que le permettait l'ego microscopique de l'agenda portable, une icône clignota, indiquant un appel vidéo. Turgut avala le bout de pseudo-caoutchouc alimentaire et bascula sur la console de communication, avec l'entrain de quelqu'un pour qui même l'appel impromptu d'un vendeur d'assurances serait une diversion bienvenue.

C'était en fait le secrétaire du Consul:

-- "Monsieur Glaçik? La détective a encore appelé. Elle sollicite un rendez-vous urgent avec Son Excellence. Elle a beaucoup insisté..."

L'attaché soupira théâtralement. C'était la sixième fois que cette demoiselle Kerenski appelait. Le consulat avait vérifié: elle était effectivement détective, même si, l'administration de Los Angeles (et celle de la Confédération) étant ce qu'elle était, un flou artistique régnait quand à l'actualité de ce statut. Quoi qu'elle soit, elle était plutôt jolie -- pour qui supporte les mutations secondaires -- et de plus têtue. Les quatre premiers appels avaient été passés depuis la navette spatiale Brivianë-Eokard, ce qui laissait entendre que ce n'était pas une plaisanterie.

-- "Dites à cette demoiselle Kerensky que, si elle est déjà à Tara Brivanëa comme je le pense, je la recevrai..." Il ouvrit une fenêtre secondaire sur son agenda "... à 23.15 ce soir."

De l'autre côté de la liaison, il y eut une légère pause, puis un sourire entendu: "Bien Monsieur Glaçik, je transmettrai..."

-- "C'est ça, et arrêtez de sourire bêtement! Si vous croyez que j'ai le temps de songer aux galipettes en bossant dix-huit heures par jour... moi!" Il y avait ça, et aussi sa femme: une fliquette chrétienne, championne de tir au pistolet et peu tolérante sur la polygamie.

Le sourire du secrétaire s'évanouit comme une nonne dans un sex-shop. L'image fit de même.


Le rendez-vous était une idée de Loo-Luna. Enfin, c'était principalement une idée de Turlan, qui leur avait dit d'essayer de ne pas faire de vagues avec cette histoire, afin d'avoir éventuellement une chance de récupérer les bouquins en douceur. L'Eylwen avait interprété ça par "diplomatie". Kyoshi avait d'autres idées, mais elle s'était finalement rangée aux arguments de Loo-Luna.

Brivianë n'étant séparé que de quelques mois-lumières d'Eokard, la navette régulière ne mettait que deux jours pour faire le trajet. Inclues quelques solides heures de transfert orbital et autres joyeusetés propres au voyage spatial...

Loo-Luna avait eu la présence d'esprit de louer une cabine nantie d'une bonne isolation phonique. Ainsi, elle put initier Kyoshi à quelques-uns de ses petits secrets de telandil, sans pour autant ameuter tout le vaisseau. La terrienne mit quelques heures à s'en remettre, après quoi elle fit promettre à Loo-Luna que la prochaine fois, c'est elle qui l'initierait à ses petits secrets.

Ce qui, se dit l'Eylwen après réflexion, n'était pas une idée brillante. Les "petits secrets" de Kyoshi tenaient dans une malle d'un mètre cube, qui avait du mal à passer les détecteurs de métaux sans déclencher l'alerte générale. Loo-Luna avait d'ailleurs eu droit à un échantillon des fantasmes terriens en général, et du modèle Kyoshi Kerensky en particulier. Elle avait connu des batailles moins mouvementées...

Quoi qu'il en soit, la navette put arriver à bon port sans que le pilote ne se demande quelle partie des moteurs pouvait faire un bruit pareil.

Pour changer, il était midi pétante lorsque les deux femmes sortirent du terminal de Tara Brivianëa. Kyoshi avait récupéré son arme, non sans avoir subi un bref sermon sur l'emploi de ce genre de jouet hors des limites d'une arène de V-Duelling (en un mot: NON!).

La mauvaise nouvelle vint de la météo: la ville était construite selon les normes en vigueur pour les capitales planétaires de la civilisation eyldarino-atalen. C'est-à-dire sur l'équateur. Et c'était la saison des pluies... Un vent passablement fort balayait des nappes d'eau sur les structures. De plus, la chaleur était intense et le fort pourcentage d'humidité rendait l'atmosphère difficilement supportable. À vrai dire, un sauna aurait été plus agréable, principalement à cause des habitudes vestimentaires qui y règnent.

Kyoshi héla un aérotaxi à la sortie du starport. Elle donna au chauffeur le nom de l'hôtel où Turlan leur avait réservé une chambre (ayant oublié d'être idiot et/ou prude, il n'en avait pas réservé deux...). À quelques dizaines de mètres au-dessus du sol de la ville, Kyoshi et Loo-Luna contemplèrent le curieux mélange d'architecture terrienne et d'urbanisme atalen.

Le terminal spatial était sis sur une île qui, autrefois, était restée abandonnée. Aux premiers temps des voyages spatiaux, les vaisseaux avaient un peu tendance à tomber tout seul; plus tard, l'habitude resta. Puis les Terriens déboulèrent et décidèrent qu'il ne fallait pas gâcher un terrain aussi bien situé. Au prix où est le mètre carré... Ainsi naquit Stairway to Heaven, la ville des affaires.

Un vaste pont autoroutier reliait l'île au continent et à la ville atalen. Loo-Luna jeta un oeil interrogateur sur les énormes annonces holographiques qui, sur les bords de l'autoroute, rappelaient au voyageur que le combat véhiculaire était interdit sur toute la planète. Elle avait vaguement entendu parler de cette coutume terrienne qu'on appelait Vehicular Duelling, en avait même vu à la télévision, mais elle avait du mal à faire rentrer cette notion dans son esprit.


La chambre était vaste, mais le personnel collant. Kyoshi distribua à la ronde une poignée de Dialin, la petite monnaie locale, ce qui contribua à la dispersion de la foule. Fourbue, elle se laissa tomber littéralement dans les bras de Loo-Luna, n'ayant pas vu que celle-ci était déjà couchée sur le lit. Surprise, elle tenta de repousser la jeune humaine hors du lit, et la fausse manoeuvre se prolongea rapidement en simulacre de lutte.

Bien que fatiguée par le voyage, Kyoshi était redoutable à ce petit jeu. En moins de temps qu'il n'en faut à un Rowaan pour avoir une place assise dans le métro, elle se retrouva à califourchon sur le ventre de Loo-Luna, bloquant les bras de l'Eylwen avec ses genoux et ses jambes avec ses pieds. Vêtements et cheveux en désordre, la Terrienne profitant un instant du spectacle avant d'embrasser son amante. Toutes deux savaient que Loo-Luna pouvait se libérer en quelques instants. Encore eût-il fallu qu'elle l'eût voulu...

**Quel est le programme?..**, demanda mentalement Kyoshi.

**On a encore une bonne partie de la journée, plus la soirée avant le rendez-vous avec le chambellan européen...**, répondit Loo-Luna en se battant avec la fermeture à glissière de la combinaison de Kyoshi. **Alors je suggère qu'on fasse l'amour pendant une heure ou deux...**

**Tant que ça?**, lança Kyoshi, amusée.

**Du temps que je trouve comme te débarasser de ce truc, il faudra bien ça... Puis on mange un morceau, et après je t'emmène te faire faire une garde-robe décente.**

La jeune Terrienne ne se fit pas prier pour approuver la première partie du programme. Elle commença elle aussi à débarasser sa compagne de ses oripeaux superflus, mais demanda:

**C'est quoi, ton idée de la décence?**

En un coup de rein, la situation bascula et Loo-Luna chevaucha Kyoshi avec un air de vengeance. Elle tira d'un coup sec et triomphant sur la glissière magnétique de la Second Skin.

**Quelque chose que je ne doive pas attaquer à l'épée...**

La suite

Le projet

Index

Livre Blanc

À la poursuite...

Chapitre 1-3

Chapitre 4-6

Chapitre 7-10

Chapitre 11-12

Chapitre 13-14

Fragments d'éternité

Fragment premier

Fragment second -- Neiges

Fragment troisième -- Eylwen

Commentaires: Stéphane "Alias" Gallay -- Ou alors venez troller sur le forum...